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Dernier volet de la série « La veille en formation », cet article aborde une question aussi centrale que délicate : comment évaluer réellement un dispositif de veille ? Au-delà de la conformité réglementaire ou de la qualité apparente du processus, il s’agit d’interroger ce que la veille produit concrètement sur les dispositifs de formation. Actualisation des contenus, évolution des pratiques pédagogiques, meilleure réactivité face aux transformations des métiers : quels indicateurs permettent d’en attester ? Et comment passer d’une veille « bien faite » à une veille réellement utile, mesurable et génératrice de valeur pour les apprenants, les formateurs et les organisations clientes ?
 Évaluer la qualité ou l’impact d’un dispositif de veille ?
Isabelle Dremeau : Se poser la question de l’évaluation de l’impact de la veille conduit nécessairement à s’interroger aussi sur la qualité du dispositif lui-même. Avant même d’en mesurer les effets sur la formation, il me semble important de vérifier que le système de veille ne présente pas de lacunes et fonctionne comme prévu. Mais comment en évaluer l’efficacité sans examiner ses retombées sur la formation ? La question de l’impact ne peut être dissociée de celle du dispositif. Les deux dimensions sont étroitement liées : la qualité de la veille conditionne son impact, et l’impact fournit une indication précieuse sur la pertinence de sa mise en œuvre.
Un exemple ?
Isabelle Dremeau : Imaginons un chargé de veille dans un organisme de formation dans le domaine du bâtiment qui réalise une veille métier, de la collecte jusqu’à l’exploitation des informations. Lors de la publication officielle de nouvelles normes techniques, celle-ci grâce au système de veille mis en place sera prise en compte rapidement et actualisée dans les modules de formation en ligne. L’impact se fait alors sentir directement sur les chantiers, où les apprenants font preuve de réactivité et appliquent immédiatement ces normes. Le résultat est ici non seulement opérationnel, mais également stratégique pour le centre vis-à-vis de ses clients.
On peut alors parler d’une preuve d’exploitation de la veille conforme ?
Isabelle Dremeau : En effet, dans cet exemple de mise en application directe, un centre de formation certifié Qualiopi dispose effectivement d’une preuve d’exploitation de la veille conforme aux attentes du Référentiel (critère 6, indicateurs 23, 24 et 25). Mais peut-on considérer que cette conformité suffit à évaluer réellement les impacts de la veille sur les formations ? Est-ce que répondre aux exigences Qualiopi garantit une mesure fiable des effets du dispositif ?
L’exploitation de la veille alimente l’amélioration continue…
Isabelle Dremeau : Oui, car contribue indirectement à la qualité et à l’ajustement des besoins en formation, mais il faut aller plus loin pour analyser ses impacts et mettre en place un suivi à l’aide d’indicateurs clés. Une fois que l’audit du système de veille confirme l’absence de dysfonctionnements à ce niveau, ces indicateurs permettent de recueillir les éléments qualitatifs et quantitatifs nécessaires pour mesurer l’impact de la veille sur les actions de formation. En élaborant des tableaux de suivi de veille ou en construisant des grilles d’audit de systèmes de veille, je liste un certain nombre de critères d’analyse et d’éléments de preuve. Ce sont d’excellents outils, à la fois de suivi et de traçabilité. Ils permettent d’avoir, en un coup d’œil, une vision d’ensemble des évolutions engagées et offrent une lecture claire de la manière dont la veille influence concrètement les formations.
Comment établir ces tableaux ?
Isabelle Dremeau : Pour établir ces tableaux, je m’appuie sur plusieurs facteurs comme la pertinence et la variété des sources mobilisées, la régularité de la veille, la qualité de l’analyse produite et intégrée dans les pratiques pédagogiques. Ce qui me permet de voir la cohérence entre les besoins identifiés et les actions engagées, ainsi que les impacts concrets sur l’évolution des contenus de formation.
Sans oublier d’impliquer les formateurs !
Isabelle Dremeau : Il est essentiel, à travers cette démarche, d’impliquer les formateurs et les apprenants dans ce processus d’évaluation afin de recueillir leurs retours sur les changements observés dans les contenus ou les pratiques pédagogiques. Le recueil régulier de ces retours favorise une dynamique participative et améliore la pertinence des ajustements opérés grâce à la veille.Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive : d’autres critères peuvent être envisagés ou précisés selon les contextes ou les pratiques de chacun.
Volet 1 : De l’armoire à catalogues à la veille partagée : la transformation d’une pratique clé de la formation
Volet 2 : Stratégies et outils : comment structurer une veille informationnelle efficace ?
Volet 3 : De l'individuel au collectif : mutualiser la veille pour renforcer l'intelligence organisationnelle
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